Voici l’intervention de Magali Plovie lors du conseil communal du 23 mars 2013 :

L’examen d’un budget n’est jamais facile et est parfois même ardu ; hélas celui-ci n’est en plus pas agréable et préfigure un avenir difficile.

En effet, la commune se retrouve face à un déficit de 5 millions d’euros qui se justifie par différentes raisons qui concernent tant les dépenses que les recettes ; Sans revenir in extenso sur la présentation de Monsieur Résimont, les raisons du déficit de la Commune concernent pour partie les dépenses, avec l’obligation d’engager un directeur des ressources humaines et l’ouverture d’une nouvelle crèche, qui sont deux priorités mises en avant par ECOLO dans la déclaration de politique générale. Elles concernent également les recettes et en particulier les additionnels à l’impôt des personnes physiques et au précompte sur le revenu immobilier, dont la base de calcul est établie par l’état fédéral. Nous comptons sur le Collège pour proposer des solutions socialement justes à ce niveau.

Face à cette situation aggravée par un contexte d’austérité, nous allons être amenés à devoir travailler tant sur les dépenses de manière globale que sur les recettes et les taxes. Nous sommes ici face à un budget de transition. Mais il est fondamental, et le Groupe Ecolo insiste, de présenter, comme la législation l’oblige d’ailleurs, un plan triennal avec la note d’orientation politique pour les trois prochaines années. C’est dans ce plan, qu’il faudra voir comment la commune pourra infléchir le budget vers une meilleure tendance et tendre vers un équilibre, tout en assurant à la population forestoise un cadre agréable à vivre, avec des équipements collectifs accessibles et de qualité tout en veillant aux plus démunis : dignité et bien-être.

Les efforts budgétaires, car des efforts budgétaires il faudra en faire, doivent être portés à travers toutes les politiques et ce de manière équilibrée afin d’atteindre ces objectifs. Nous avons donc du travail qui nous attend pour pouvoir présenter en avril prochain un plan reprenant ces réflexions et apportant de vraies réponses à ces enjeux.

Je veux cependant insister sur la situation extrêmement compliquée, liée à un contexte plus général dans laquelle nous nous trouvons; en effet, la politique d’austérité menée au niveau fédéral et traversée par des règles européennes strictes a deux conséquences néfastes pour la commune : elle aggrave la paupérisation de la population et plombe les budgets de la commune par le transfert de charges du fédéral.

– elle aggrave la paupérisation de la population : s’il ne faut prendre qu’une mesure fédérale, on peut prendre les sanctions du chômage, et les dernières mesures à ce sujet : dégressivité des allocations de chômage, augmentation de l’âge du contrôle de la disponibilité active des demandeurs d’emploi, réforme du stage d’attente, nouveau régime pour les travailleurs à temps partiel, élargissement de la notion d’emploi convenable.

Rappelons à ce propos les conclusions alarmantes de l’Observatoire de la santé et du social concernant la paupérisation à Bruxelles :

« Plus d’un quart des Bruxellois (28,3%) doivent vivre avec un revenu inférieur au seuil de risque de pauvreté. Un quart des bébés bruxellois (24,0%) naissent dans un ménage sans revenu du travail, un quart des enfants de moins de 18 ans (26,5%) grandissent dans ces conditions. Un Bruxellois sur 5 disponible sur le marché du travail est au chômage ; le taux de chômage des jeunes de moins de 25 ans atteint 31,2%.
Un cinquième de la population active bruxelloise (18-64 ans) et 18% des jeunes adultes bruxellois (18-24 ans) dépendent d’un revenu de remplacement ou de l’aide sociale ; en ce qui concerne les personnes âgées de plus de 65 ans, il s’agit d’une personne sur six (16,2%). …

Le statut social est le déterminant le plus puissant de l’état de santé. La grande hétérogénéité sociale qui caractérise la Région bruxelloise, se reflète dans d’importantes inégalités sociales de santé.
Tant le risque de mortinatalité et le risque de mourir au cours de la première année de vie que le risque de mortalité prématurée (avant 65 ans) augmentent à mesure que l’on descend dans l’échelle sociale.  »

Il faut dans ce contexte que la commune et toutes ses composantes poursuivent une politique de soutien à sa population y compris les plus fragilisés et les plus précarisés. Une partie de la population de plus en plus importante subit exclusions et discriminations violentes. La solidarité est notre seul moyen pour assurer à l’ensemble de la population la possibilité de mieux vivre ensemble et dans la dignité. Si nous perdons cet objectif, nous créerons dans notre commune des tensions extrêmement graves.

– le transfert de la charge du fédéral vers les communes : nous pouvons parler d’une défédéralisation implicite des politiques de solidarité.

Je voudrais enfin terminer par une demande au collège et plus particulièrement aux échevins du budget et de la participation citoyenne : le budget est un outil fondamental dans l’exercice de la politique ; la démocratie nous impose donc d’aller vers la population dans un esprit didactique et transparent concernant notamment le budget. Le Groupe Ecolo sollicite la publication du budget auprès de l’ensemble de la population et ce de manière claire et compréhensible. Cela nécessite un travail important pour le rendre plus accessible et compréhensible. C’est un exercice fondamental car il peut être mobilisateur et permettre aux citoyens d’exercer leur citoyenneté tout au long de la législature. Il permet aussi de créer une nouvelle relation entre les citoyens et les élus.
Dans cette même logique, nous prônons la mise en place d’un budget participatif à partir de certaines allocations de base.

Je conclurai que ce budget ne fait que représenter les énormes défis qui nous attendent dans une commune et plus largement dans une société en crise…