Omniprésent dans la presse cette semaine, Theo Francken affirme son message, limpide et pourtant insidieux, cautionnant un durcissement des politiques d’immigration et ralliant une frange de l’opinion à ses thèses glissantes.

A la une, de nettes restrictions dans les régularisations relevant du regroupement familial. Le contrôle est allongé à 5 ans, maintenant la famille dans des incertitudes angoissantes.

On peut désormais fouiller les personnes en centres fermés à tout moment. Au nom de la sécurité, on associe le sort des demandeurs d’Asile à celui des détenus, des déviants, par « acquis de conscience ».

Dans le même rayon, l’opération « Gaudi 2 » présume que les délinquants sont des personnes en situation irrégulière et vice et versa, et se félicite d’intercepter des centaines de personnes dans les rues commerçantes et de les renvoyer dans les cordes des procédures ou aux frontières de leur pays d’origine.

Les réfugiés ayant commis un délit grave ou représentant un danger pour la sécurité de l’Etat seront désormais expulsables; Cette mesure met la Belgique en porte-à-faux avec la philosophie de la Convention de Genève qui interdit l’expulsion d’une personne réfugiée. En réalité, voilà une mesure difficilement applicable qui ne concerne qu’un tout petit nombre de personnes mais qui permet d’affiner la figure du Monsieur Propre de l’Asile.

Le constat est le même quand le Secrétaire d’Etat signe un arrêté d’expulsion pour un imam radical à Verviers pour lutter contre le terrorisme, encore un bel effet de com’, inattaquable, qui galvanise le justicier.

A grand renfort de champ lexical manichéen, les « gentils » vs les « méchants » et de métaphores sanitaires mais nauséabondes de « nettoyage », Theo Francken distille par piqûre quotidienne des amalgames simplistes qui assimilent l’accueil des étrangers à l’insécurité, injectant un racisme rampant en voie de normalisation tant dans la classe politique que chez l’homme et la femme de la rue. Ceux-là risquent bien d’embrasser les ficelles simplistes extrême-droitisantes aux prochaines encablures électorales, et bien plus dommageable, de devenir les relais contagieux d’une méfiance a priori de l’autre.

Encore un moche exemple de la réponse sécuritaire et contre-productive à la rassembleuse lutte contre la radicalisation. Alors que tous les acteurs de terrain s’accordent à dire que les radicalisations sont autant de refuges à des ruptures en chaîne, à des messages stigmatisants et des expériences de relégation, de mises en boîte dans des stéréotypes excluants, on en remet une bonne couche. On est bien loin d’ouvrir le jeu des normes, d’établir le dialogue et les lieux de métissage.

Gageons que chacun de nous peut œuvrer à cela dans son quotidien, à contre-courant des contenus médiatiques.

Stéphane ROBERTI

StephaneRoberti