Intervention du groupe Ecolo au Conseil communal pour la journée des droits des femmes

De tout temps, lors des guerres, les femmes ont fait l’objet de crimes sexuels. Ce phénomène semble cependant s’intensifier avec les guerres de ces dernières décennies (notamment Kosovo, Darfour, Colombie, Nigéria, Congo, Irak, Syrie). Il y a deux façons de tuer son ennemi : le tuer tout simplement ou s’emparer des femmes de sa famille, les torturer, les violer et le faire savoir. Jean Bofane dans son livre décrit cet élément : « Il fallait causer des dégâts irrémédiables, sans appel, faire couler le sang à profusion et atteindre le paroxysme de la douleur. Les maris assistant au viol ou au carnage devenaient impuissants pour toujours. Il paraissait alors utile que quelques uns restent vivants, pour qu’ils soient des témoins (1). » N’oublions pas non plus d’autres pratiques comme celles de l’enlèvement où les femmes deviennent des esclaves sexuelles ou sont mariées de force. Ces pratiques visent à faire exploser les communautés d’où ces femmes viennent.

Ces victimes par après subissent l’opprobre de leur famille et sont stigmatisées. Elles sont souvent exclues de leurs groupes qui ne veulent ou ne peuvent assumer le déshonneur ; jetées à la rue sans ressources et sans personne, elles deviennent alors prisonnières de la honte et de la peur.

Une avancée importante à été effectuée par la reconnaissance du viol comme arme de guerre par le Tribunal pénal international pour le Rwanda. Une résolution a été par ailleurs adoptée par le conseil de sécurité invitant les gouvernements à prendre des mesures spéciales pour protéger les femmes et les filles contre les violences sexistes lors d’un conflit armé. Outre cette protection particulière, les nations unies défendent aussi de leur accorder des réparations. Des projets existent aussi pour soutenir les femmes victimes de ces agissements qui sont rejetées de leur communauté. Ces mesures ne permettent hélas pas d’empêcher ces exactions mais permettent de reconstruire par la suite la société. Le Haut commissaire des Nations unies aux droits de l’homme lors d’une rencontre avec un groupe de femmes en RDC rapportait ces propos, concernant les réparations : « Elles ont clairement dit à notre équipe : s’il vous plaît, ne nous laissez pas d’argent car ils le sauront, ils viendront nous le voler et nous feront du mal à nouveau. Alors nous leur avons demandé ce qu’elles souhaitaient. Certaines ont avancé l’idée de dresser des monuments pour commémorer les évènements qui s’étaient produits ; d’autres, de bâtir des écoles pour leurs enfants. Enfin, un autre groupe de femmes a demandé un bateau pour pouvoir transporter les fruits et légumes qu’elles cultivent jusqu’au marché afin de les vendre (2)» Protéger et prévoir des réparations, en consultant les femmes, c’est bien participer à la reconstruction de la société qui a été meurtrie par la guerre.

Le groupe Ecolo voulait, en cette journée des droits des femmes, rendre hommage à toutes ces femmes qui ont été ou qui sont utilisées comme armes de guerre et qui se retrouvent aussi dans les rangs des réfugiés qui viennent trouver refuge dans nos pays européens.

 

Magali Plovie,

Conseillère communale


1. Citation reprise dans l’article de Sabine Scharder, « Le corps des femmes comme champ de bataille », Espace de Libertés, janvier 2016, p.25.
2. Citation reprise dans l’article de Julia Crawford, « Le viol comme arme de guerre », Fondation Hirondelle, 12 mai 2015
http://www.justiceinfo.net/fr/tribunaux/tpir/151-le-viol-comme-arme-de-guerre.html