La culture n’est ni un besoin inférieur, ni un droit secondaire. La possibilité de l’exprimer, comme l’accès à celle de l’autre est essentiel à la dignité humaine. Dans les CPAS, on s’interroge et on invite depuis des années depuis des années nos publics à faire partie du « grand » public en proposant des sorties, mais aussi en collaborant avec des artistes et des associations pour créer des leiux d’expression et de rencontre. Si les écueils sont nombreux, nous sommes convaincus, en 2016 plus que jamais, que la culture, ses accès et ses partages sont autant de puissants leviers pour construire la cohésion.

D’un point de vue individuel aussi, être invité à à créer et à participer aux projets culturels permet de proposer une levier positif pour le développement personnel de chacun avec ses ressources et de trouver/prendre une place dans la vie en société. La participation ouvre une porte pour sortir de l’isolement, s’offrir un chemin d’émancipation, de re-prise de confiance en soi, dans les autres. Elle ne peut pourtant pas être instrumentalisée pour contrôler l’activation sociale d’une personne.

De façon complémentaire à l’aide individuelle, nous tenons à proposer à chacun des lieux de rencontre, entre les cultures, les générations, les rôles et les genres… On doit pourtant craindre que le revers de l’arrêté royal de 2015 fixant la subvention et les modalités de la participation sociale via les CPAS y soit affecté. On y met l’accent sur des activités « socialement utiles », le subside même a changé de nom de la participation sociale culturelle et sportive, il devient activation sociale. On peut légitimement déjà appréhender des rapports d’efficacité qu’on pourrait exiger de nos rencontres culturelles ou d’une sortie théâtre, mais on redoute aussi l’inscription de la participation dans un parcours standardisé pré-établi d’insertion socio-professionnelle, ce qui dénaturerait instantanément notre travail de sens et de tissage par la culture.

Les inégalités ne sont pas seulement de nature économique, elles se creusent aussi bien dans la répartition du capital social et culturel. La précarité doit reculer sur tous les fronts conjointement, un déficit de l’un faisant obstacle à l’autre.

Stéphane ROBERTI

Président du CPAS de Forest