Guy BERTHOLOME (Forest – ECOLO) est devenu en janvier 2017 le nouveau président de la Société Immobilière de Service Public le FOYER DU SUD, en vertu d’une alternance prévue entre St Gilles et Forest, où il succède à Catherine FRANCOIS (St Gilles – PS). Dans la continuité de ce qui a été initié, les perspectives sont d’augmenter, par différents moyens, le parc locatif occupable de logements sociaux à Forest de 20 à 25% à l’horizon 2022.

Guy

Guy, entrons directement dans le vif du sujet : quelle est la situation du logement social sur notre commune ?

Guy Bertholomé – Avant la fusion, le Foyer Forestois comptait 909 logements occupés (chiffre SLRB). L’une des priorités du Foyer du Sud (1) est d’augmenter radicalement le nombre de logements sur les deux communes. Nous disposons de différents moyens pour y arriver. D’une part par acquisition ou par construction de nouveaux logements, d’autre part par la rénovation de logements vétustes et enfin par une meilleure gestion du parc immobilier. Les projets dont on parle ici concernent le territoire forestois, bien que mon engagement soit total pour les deux communes.

Nous avons tout d’abord procédé rapidement à l’acquisition d’une centaine de logements déjà occupés des immeubles Rue Rodenbach / Marconi. Il s’agit de logements qui appartenaient à la société de logements sociaux SORELO, mais dont nous avons bétonné le caractère social en les ramenant dans le giron du Foyer du Sud.

Au rayon des acquisitions mais qui demandent une rénovation lourde, nous avons acquis les anciens bâtiments de Diamant Boart, ce qui devrait produire 70 logements à terme (début des travaux prévu dès 2019 pour la partie bureaux).

La Nouvelle Cité (« blocs jaunes ») verra bientôt se réaliser la rénovation lourde de 71 logements vers du « basse énergie ». Ce standard est en effet essentiel pour le budget des familles qui vont y habiter. Il faut savoir que c’est un chantier de plus de 10 millions d’euros ! On a enfin obtenu le permis régional et le début des travaux est prévu en juin 2017 pour une remise en location en principe début 2019.

Il faut cependant préciser que ces bâtiments ne sont pas restés totalement inoccupés. En effet, 21 logements ont servi de logements de transit et accueilli des familles en errance via des conventions d’occupation précaire, grâce à une convention avec le CPAS de Forest et la Fébul. Ces logements ont donc contribué à apporter une solution temporaire à des familles qui sont dans une situation extrêmement grave.

Ce n’est pas tout au niveau des blocs jaunes car il est également prévu de rénover complètement 180 autres logements de la cité (phase 2 et 3), pour un budget qui avoisine également la dizaine de millions d’euros (travaux prévus en décembre 2017). Rien que pour la Nouvelle Cité on en est à 20 millions de travaux estimés. Pour donner un ordre de grandeur, le budget annuel total d’une commune comme Forest, toutes dépenses confondues, tourne autour des 100 millions d’euros. Il est donc malhonnête d’affirmer, rien que sur ce volet blocs jaunes, que « rien n’est fait » pour le logement social à Forest.

Notons aussi au rayon des projets importants celui des Huileries avec 30 logements (dossier de base constitué et adjudication en cours). Comptons aussi 3 projets en cours dans des stades d’avancement divers pour un total de 29 logements : Place Saint-Denis, Place Albert et Avenue Van Volxem. A l’Avenue Kersbeek nous avons aussi un projet de rénovation lourde de 11 maisons unifamiliales qui me tient à cœur tout comme la rénovation et remise en location de 4 logements spécialement conçus pour personnes à mobilité réduite à l’Avenue de Fléron.

Il faut noter que dans les nouveaux projets, beaucoup de logements comptent 4,5 ou 6 chambres, ce qui permet de loger plus de familles nombreuses et de diversifier l’offre.

Si l’on résume, dans quel ordre de grandeur se situe-t-on en termes de nouvelles mises à disposition de logements  sociaux sur le territoire forestois ?

Les chiffres sont ce qu’ils sont et cachent des réalités parfois très diverses, car la qualité des logements est tout aussi importante que les chiffres bruts. Je pense notamment à tout le travail qui est fait pour diminuer la consommation énergétique de nos bâtiments. On agit sur les rénovations, les travaux d’isolation, l’engagement d’un responsable énergie ou par des campagnes de sensibilisation. Tous bénéfices pour l’environnement et pour les budgets des ménages !

 Cela fait toutefois une augmentation considérable du parc de logements sociaux gérés par la SISP  mis à disposition ou en cours de réalisation à l’horizon 2022 rien que pour Forest.

Soulignons que parallèlement à ce travail mené au Foyer du Sud, la Commune de Forest, sous l’impulsion notamment d’ECOLO, a, depuis 2012, initié ou réalisé 150 nouveaux logements, soit plus de trois nouveaux logements publics chaque mois.

Si l’on tient compte de tous ces efforts, on réalise que l’on se situe dans l’une des progressions locales les plus importantes au niveau régional. Ce qui traduit qu’à Forest, on a depuis longtemps mis le logement social au cœur de nos priorités et que l’on travaille d’arrache-pied à apporter des solutions concrètes à la crise du logement bruxelloise.

Tout ceci n’est pas réalisable seul….

En effet, ces avancées n’ont été possibles que grâce, d’une part, à une excellente collaboration entre Forest et Saint-Gilles, et d’autre part, pour le volet forestois, grâce à la majorité progressiste qui gère notre commune.

Au sein du Foyer du Sud, avec deux administrateurs ECOLO sur 15, et avec un partenaire socialiste loyal, nous menons une politique basée sur nos fondamentaux : éthique, bonne gestion, solidarité, émancipation sociale, et accent mis sur les performances énergétiques des bâtiments.

Au niveau de la commune, un exemple parfait de collaboration est le dossier « Huileries » (+/- 60 nouveaux logements) qui comporte une part communale et une part Foyer du Sud.

Un autre type de synergie se réalise avec le CPAS de Forest. On l’a vu avec les occupations précaires dans les « blocs jaunes » mais aussi dans le cadre d’un projet MENA (mineurs étrangers non accompagnés), la Maison Babel, à l’Avenue de la Verrerie. Sur une impulsion portée par des citoyens, le foyer du Sud a mis à disposition du CPAS un logement pour l’accueil des demandeurs d’asile.

Dans le climat actuel de suspicions vis-à-vis des sociétés publiques, que peut-on dire de la gestion de la SISP ?

Le Foyer du Sud est issu d’une des premières fusions dans le cadre des Sociétés Immobilières de Service Public entre le Foyer Forestois et le Foyer Saint-Gillois. Ce n’était pas un mauvais choix : une proximité géographique et un rapprochement des pratiques permettaient d’envisager une fusion harmonieuse. Nous avons donc pris le parti de nous lancer dans le premier train de fusion.

Après un an et demi de travail acharné, en juillet 2014, la fusion était effective, le Foyer du Sud était né. Nous gérons désormais plus de 2000 logements et employons 86 travailleurs.

Nous étions pionniers. Grâce au processus informatif et participatif large que nous avons mis en place, la fusion est, dans l’ensemble, considérée comme une réussite. Nous en avons profité pour revoir nos pratiques : la bonne gestion et l’amélioration des services étant la ligne directrice. Cette fusion fut un exemple concret de bonne gouvernance donné par les partenaires qui l’ont menée à bien, dans le contexte des défis posés par le logement social. Aussi, le nombre d’administrateurs a été réduit et les défraiements sont strictement encadrés et transparents.

Ces éléments nous ont permis de dégager des moyens supplémentaires, dont on commence à voir les premiers résultats, et ceci, il faut le souligner, sans perte d’emplois ni de ressources.

Peut-on être satisfaits aujourd’hui ?

Beaucoup de travail a été accompli, et les balises sont établies pour une augmentation quasi sans précédent du parc de logements sociaux notamment à Forest, mais il n’y a pas lieu de crier victoire pour plusieurs raisons.

Tout d’abord parce que nous ne pouvons pas proposer un logement social pour chacune des milliers de demandes en attente. Lorsque l’on voit les personnes à la rue ou tous les ménages qui n’arrivent pas à nouer les deux bouts à cause de loyers exorbitants, il y a de quoi être révolté. Des associations préconisent 20% de logements sociaux ou à finalité sociale, force est de constater qu’il faudrait encore un effort énorme pour y arriver.

La mise en œuvre de notre plan de route ambitieux demande en outre que l’on puisse continuer à travailler avec des partenaires politiques qui défendent des politiques progressistes, comme c’est le cas pour l’instant. On vient de loin à Forest (depuis très longtemps dans le dernier tiers des moyennes communales de la région en matière de logements sociaux) et demain, des forces conservatrices pourraient donner un coup d’arrêt à cette politique ambitieuse, voire remettre en cause les avancées engrangées.

Si nous nous félicitons que la tutelle régionale s’exerce à travers la SLRB qui contrôle à chaque étape du processus l’utilisation des moyens publics et le recours systématique aux règles en vigueur dans le cadre de l’attribution des marchés, ce qui garantit éthique et transparence, force est de constater que cela rallonge fortement les délais. Il est donc urgent qu’au niveau régional les responsables politiques et la SLRB (Société de logement régional bruxellois) simplifient au maximum les procédures dans le cadre d’un processus juste, démocratique et transparent.

 

Contact: Guy BERTHOLOME, Président du Foyer du Sud –  guy.bertholome@ecolo-forest.be

Propos recueillis par David LECLERCQ

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