La région et le fédéral détricotent, la Commune de Forest retisse
Faire cohésion dans une société où le message principal c’est « tire ton plan », ce n’est pas une mince affaire. En assumant cette compétence au sein du Collège, Ecolo s’est lancé un défi. Après deux ans, les résultats sont là. L’action communale en matière de Cohésion sociale, portée par l’échevine et les services communaux, met en place nombre de dispositifs permettant de rassembler des personnes qui ne se croiseraient pas spontanément. Ces croisements sont occasionnés par des initiatives qui, sous un angle ou sous un autre, questionnent la manière dont nous voulons vivre ensemble.
C’est ainsi qu’une première réalisation a consisté à mettre sur pied une action participative avec les jeunes de Forest, en collaboration avec l’association Quartier du Monde. La rencontre entre les jeunes du bas de Forest et les jeunes du haut de Forest n’est pas un long fleuve tranquille. Pourtant, de ces croisements est apparue la nécessité de développer un service de la jeunesse qui renforce tout ce secteur à Forest.
Ce fut chose faite en mars 2014. Une personne a été engagée pour développer le service jeunesse et très vite une deuxième. Sur le long terme, le service jeunesse devra faire en sorte que le secteur associatif et l’administration contribuent le plus possible à construire une place aux 7000 jeunes qui arriveront d’ici 2020.
A moyen terme, le service jeunesse travaille sur la création d’un projet d’espace jeunesse dans le Contrat de Quartier Abbaye. Cet espace aura pour vertu d’accueillir un centre d’information adapté aux 15 – 26 ans et de devenir une plaque tournante des associations et des projets collectifs des jeunes qui le souhaitent.
A court terme, le service jeunesse a construit un débat autours des questions telles que « l’origine de la violence », « la responsabilité d’un crime », « ce qui est condamné ». Ce débat s’est fait à partir du travail artistique de Marc Mahy, à travers la pièce « Un homme debout ». Chaque représentation a rassemblé tant les jeunes, que les personnes impliquées dans les lieux qui doivent leur fournir un appui : les écoles, les institutions communales, les échevins, les conseillers ainsi que tous les acteurs qui construisent la sécurité sociale dont ils ont besoin pour avancer.
Si ces rencontres entre jeunes ont donné des résultats très positifs, les autres secteurs ne sont pas en reste. Ainsi, la Communauté Mauricienne a pu célébrer la commémoration d’un des pères de la théologie de la libération, un théologien marxiste du milieu du 20ème siècle. Ils ont pu prendre possession de l’espace public de Forest dans toute leur singularité, en ce 13 septembre 2014, donnant voix à des messages courageux du passé et faisant place à des communautés ignorées du présent.
Cette attention au croisement et à la place de chacun s’est encore concrétisée avec le soin apporté au cimetière. Ce lieu a priori inerte n’en est pas moins un lieu de mémoire pour les personnes qui ne sont plus au-devant de l’activité politique. Il est important de leur faire une place en améliorant le cadre du recueillement.
La question du handicap est aussi prise à bras le corps. L’espace public est par excellence le lieu du croisement des différences, pour peu qu’il soit accessible à tout le monde. La « Coordination Handicap » du CPAS dont fait partie le service affaires sociales de la commune a ainsi rassemblé tous les acteurs du secteur pour faire le tour des compétences communales. Ils rencontrent un à un chacun des échevins en relisant leurs compétences avec la lorgnette des difficultés de déplacements, des difficultés de l’accès aux ressources sociales et financières. Prochaine étape, le handicap et l’espace public lors d’une rencontre avec l’échevin en charge des espaces vert, de la mobilité et de l’urbanisme que nous connaissons bien : Jean Claude Englebert. La question de l’accessibilité se résout aisément lorsqu’elle est prise en compte dès la phase de conception des projets, des aménagements et des infrastructures.
Plus récemment, la commémoration de la grande guerre a porté l’attention sur le caractère intemporel de valeurs telles que la liberté, la solidarité, la cohésion sociale, l’indépendance la paix et la démocratie. Le premier conflit mondial a mis en évidence à quel point leur respect et les conventions qui l’enracinent dans la réalité sont une nécessité. L’armistice du 11 novembre 1918 n’est pas un symbole éculé. Ce type de célébrations doit servir de fondement à la démocratie de demain. Ecoles, anciens combattants, communautés religieuses ou d’appartenance, échevins et citoyens de tout bord ont ainsi porté cet héritage collectivement cette année.
Enfin, la Comission de Concertation de la Cohésion Sociale de Forest a travaillé au positionnement progressiste qu’elle entend faire valoir auprès des autorités régionales, voir fédérales. Plus de vingt associations sont ainsi parvenues aux recommandations suivantes que nous reproduisons in extenso :
« Considérant un contexte international difficile et changeant, une commune hautement duale et des tendances démographiques qui accentuent la part de la population en situation de précarité ;
Considérant la qualité de l’organisation qui s’est mise en place au fil du temps à l’échelle locale, qui s’est dotée d’une grande capillarité par rapport aux demandes sociales, d’une capacité de montage de projets adaptés à la demande et portés de manière collective ;
Considérant les spécialisations de ces associations couplées à leurs capacités à travailler en réseau, fournissant dès lors une réponse à la complexité des problématiques rencontrées par les citoyens les plus fragiles ;
Il nous semble essentiel de renforcer les moyens actuellement mis à la disposition de la Cohésion Sociale de Forest, […] Soit un total de 745.993 €. La Commune apporte déjà un montant de 215.829,43€, soit 22% de l’ensemble des financements.
Ces montants permettent de soutenir les associations impliquées dans la Cohésion Sociale Forestoise. Ils sont absolument nécessaires et déjà insuffisants pour répondre aux besoins de la population et maintenir le tissu associatif de la cohésion sociale. Comptant l’augmentation de 9 % de la population qui devrait être observée d’ici 2020, il serait rationnel d’augmenter les moyens de la cohésion sociale d’autant. En tout état de cause, nous ne pourrions fonctionner avec des diminutions de ces montants.
Maintenir la possibilité du travail communautaire en tant que tel:
Le travail communautaire […] doit rester une action prioritaire. Il s’est trouvé étrangement déformé lors du quinquennat précédant, se trouvant éclatés entre les actions complémentaires et transversales. Chaque association est dès lors contrainte de le diluer dans les autres priorités. Nous souhaiterions que cette intervention reprenne un caractère prioritaire, qu’elle soit reconsidérée pour sa qualité méthodologie et son apport spécifique dans le spectre des politiques publiques.
Les associations de la cohésion sociale et la Commune de Forest sont par ailleurs intéressées à travailler avec le CRACs, la COCOF, et le Ministre Président afin de proposer des méthodes de mesure de l’efficacité de leur action en cette matière, par exemple en travaillant sur la base de diagnostic de quartier et en établissement des lignes de base. »
Ces initiatives croisent des personnes qui s’ignoraient, moins par volonté délibérée que par la contrainte de chemins sociaux qu’une société du repli balise insidieusement. De ces croisements émergents des nouvelles nécessités sociales et des innovations qui les rencontrent. Le rôle de l’exécutif consiste à les potentialiser, puis à leur donner un caractère pérenne avec le soutien des pouvoirs publics. C’est la méthode Ecolo appliquée à la Cohésion Sociale qui construit Forest en commun.
Mariam EL HAMIDINE
Echevine Ecolo de l’Egalité des chances – Jeunesse – Cohésion sociale.