Si t’es pauvre, évite de trop bouger…mais gesticule correctement pour chercher l’introuvable job ou quelque chose qui y ressemble.
Depuis la semaine dernière, on impose au bénéficiaire d’informer son CPAS de tout séjour à l’étranger de plus d’une semaine et d’en préciser la justification. Si les absences cumulées dépassent les 30 jours annuels, le paiement du revenu d’intégration est tout simplement suspendu. Jusqu’ici, les balises légales se concentraient sur les absences de plus de 30 jours consécutifs et laissaient encore le CPAS juger du caractère exceptionnel de certains séjours prolongés.

Voilà encore un magnifique, mais dispensable, exemple de la tendance lourde de l’assujettissement des pauvres, sournoisement à l’œuvre et bénéficiant du travail acharné des ministres successifs en charge de l’intégration sociale.

Les CPAS confrontés à la réalité des gens qui, occasionnellement, voyagent, tantôt pour retrouver les membres de la famille (parfois dans de tristes circonstances), tantôt pour vivre à un autre rythme, prendre un temps de recul.

Plusieurs fois par an, la rue nous donne le droit d’invoquer d’ailleurs le besoin de vacances… Serait-ce donc un besoin uniquement pour ceux qui ne dépendent pas d’une aide sociale, dont le quotidien n’est pas trop précaire, trop contrôlé ?

Pour nos institutions, c’est une charge de contrôle supplémentaire, nous confinant un peu plus dans ce rôle, opposé à la relation d’aide. C’est aussi un alourdissement administratif significatif pour une mule déjà surchargée de tâches de reporting puisque suspectée de ne pas assez lutter contre la fraude…

Cette dégradation de l’aide sociale semble parfois tellement inexorable qu’elle donne envie de repartir en vacances…